Le départ : quitter ton emploi

La réalité est une série d’articles sur la vie de travailleuse autonome et les hauts et les bas de quitter son emploi pour devenir entrepreneure, le tout, sans filtre et sans gêne. J’ai écrit ces billets en 2012-2013, quand j’ai quitté mon emploi pour me lancer dans le vide.

Bien que ceux-ci soient souvent peu détaillés et partagent des conseils que je ne recommande plus aujourd’hui, j’ai trouvé intéressant de les conserver pour démontrer mon état d’esprit à ce moment.

Le 27 septembre sera ma dernière journée de travail à mon emploi des neuf derniers mois.

Quelques jours avant mes 25 ans, j’ai reçu une offre d’emploi un peu tombée du ciel. J’avais une frousse incroyable à l’idée d’avoir 25 ans, pas de chum et pas d’emploi réel. À 24 ans et 340 jours (ou à peu près), je n’avais eu dans ma vie ni chum ni «vraie» job.

Omg, failure.

L’offre d’emploi a semblé régler à peu près toutes mes incertitudes : enfin, j’allais devenir une adulte, le chum suivrait, ou pas, mais bon, je réglais un de mes gros problèmes de vie.

Sauf que. Sauf que, big time. Le 19 décembre 2011, environ 3 semaines après que j’aie eu 25 ans, donc environ 3 semaines après mes débuts dans mes nouvelles fonctions, mon monde s’est effondré.

Mon petit frère, mon bébé, la personne la plus chère à mes yeux, a eu un accident. Un accident fatal.

Un appel à 20h : «Béa, Ren est tombé, on est à l’hôpital, on te donne des nouvelles» (pas inhabituel, Renaud étant épileptique). Tout de même, je sentais que quelque chose n’allait pas. J’allais en avoir la confirmation à 3h : «Béa… viens à l’hôpital, ce n’est pas des bonnes nouvelles».

À 7h, le neurochirurgien le confirme. Il ne s’en sortira pas. On nous conseille d’aller nous coucher quelques heures. On revient à l’hôpital un peu après le dîner. On nous dit que ça pourrait être une question d’heures ou de jours. Dur à dire.

Vers 19h45, je vais voir Renaud. Mes parents sont avec lui dans la chambre. Il écoute de la musique, je trouvais important qu’il écoute de la musique jusqu’à la dernière seconde, c’était une de ses passions. Je lui touche le bras. Je lui dis au revoir.

Biiiiiiiiiiiiiiip.

Ce fut son dernier souffle.

Mon Renaud-coco m’a attendue. C’est con, mais des fois je me suis demandé si je n’étais pas retournée dans la chambre, s’il serait resté plus longtemps.

On n’était plus 5, on était 4. Ce n’était plus Françoise, Daniel, Béatrice, Philippe et Renaud. C’était maintenant Françoise, Daniel, Béatrice et Philippe. Ça ne sonne pas correct, ça ne se peut pas.

Le 19 décembre à environ 19h45, mes priorités ont changé à tout jamais. Tout a changé.

Mes employeurs ont été fantastiques avec moi, malgré mon arrivée récente. Il faut le dire. Et c’est sans mentionner mes amis, ma famille. Il y a eu quelques accrochages, sautes d’humeur, chicanes, mais je sais maintenant, plus que jamais, sur qui je peux compter.

Bref, les jours ont passé. Les semaines, puis les mois. J’ai commencé à douter de mes choix. D’où j’en étais dans la vie. De ce que je considérais comme important. Je me suis fait dire plus de fois qu’autrement que le deuil changeait ma perception, que tout irait mieux bientôt, que je devais continuer dans cette voie.

J’ai choisi le contraire. J’y ai pensé longtemps; j’ai vraiment pesé le pour et le contre (je suis rendue master des listes!) J’ai choisi d’écouter cette voix à l’intérieur qui me dit «fonce!»

J’ai choisi de quitter un emploi qui n’est pas celui que je voulais. J’ai choisi l’insécurité. J’ai choisi de vivre, comme je le veux, même si plusieurs semblent ne pas comprendre mon choix.

J’ai choisi de l’écouter, la voix qui dit «fuck, la vie peut arrêter n’importe quand, sans aucune raison : PROFITES-EN!» Non, je ne dis pas de vivre complètement sans conséquence, mais criss, 25 ans, c’est jeune, finalement. J’ai encore le temps de faire des niaiseries, de me péter la gueule.

Mon père, qui achète toujours nos cadeaux de Noël le 24 décembre en après-midi (ou à peu près) ne nous a bien sûr pas acheté de cadeau, Noël dernier. Il nous a cependant promis, à Philippe et moi, que nous aurions chacun droit à une semaine de voyage, seuls avec lui et maman, pour nous retrouver en famille.

On part donc le 4 octobre pour 12 jours en Californie. Un roadtrip, de San Francisco à San Diego.

D’octobre à décembre, on verra. Je prends du temps pour moi. Je devrai accepter quelques petits contrats à gauche et à droite, question de vivre, mais je prends un break.

Puis, en janvier, je me lance.

Je pars en Australie, pays duquel je suis tout simplement tombée en amour, en 2010. Je pars avec un sac à dos, et un visa «Working Holiday». On verra où cette voix intérieure me mènera.

C’est drôle, l’idée de partir seule à l’autre bout de la planète pour six mois avec 0$ et aucun plan précis me stresse beaucoup moins que l’idée de travailler encore cinq jours par semaine dans un cubicule, à faire quelque chose que je ne trouve pas passionnant.

Toutes les semaines, je t’invite à lire sur la réalité de laisser dernière soi la sécurité, la routine, l’appart de rêve avec un loyer ridicule (même si c’est temporaire!), pour se lancer les deux pieds dans le vide.

Juste parce qu’on a un feeling que c’est la chose à faire.

Merci Renaud, pour tout. Sans toi, je n’aurais jamais eu le courage de me lancer.

C’est un nouveau départ.

Découvre le prochain billet de cette série, Les premiers pas.

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Image pour Pinterest : Quitter son emploi

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4 Commentaires sur “Le départ : quitter ton emploi

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