J’adore voyager et j’adore tomber amoureuse des lieux que je visite.
Comme blogueuse, je vis souvent un conflit intérieur quand je tombe sous le charme d’un endroit encore largement méconnu : est-ce que j’en parle ou non?
Est-ce que je garde le secret ou j’invite tout le monde à découvrir ce lieu magique?
Bien sûr, je ne peux pas prétendre avoir assez d’influence pour sceller le sort d’une destination par moi-même.
Mais je trouve tout de même important de me questionner à ce sujet.
Mon expérience islandaise
En juin 2012, j’ai visité l’Islande pour la première fois. Je suis alors tombée sous le charme du canyon Fjaðrárgljúfur.
Le site n’était alors pas marqué et très peu visité. J’y ai passé plus d’une heure avec mon amie sans croiser une seule personne. Je ne me rappelle même plus comment on y a atteri, je crois qu’il y avait à peine une demi-ligne à ce sujet dans le Lonely Planet..!
Lorsque je suis retournée en Islande en avril 2015, j’étais tellement excitée de faire découvrir cet endroit à l’amie qui m’accompagnait et… j’ai découvert un site avec un stationnement pour autobus et des sentiers abîmés par les trop nombreux marcheurs.
C’était encore magnifique, mais ce n’était plus tout à fait la même chose.
Quelques années plus tard, Justin Bieber y a même tourné une vidéo et le canyon a dû être fermé après que les touristes l’aient complètement détruit.
Je crois que c’est la première fois que j’ai réellement pris conscience de l’impact que peuvent avoir les humains sur des lieux naturels et les populations locales.
Je le savais déjà, bien sûr, mais là, c’était concret. Je l’avais vu de mes propres yeux.
El Transito, deux ans, deux villages
J’écris ces mots attablée au bar du Free Spirit Hostel à El Transito, au Nicaragua, un endroit qui est rapidement devenu ma deuxième maison.
J’ai su que j’aimais ce village dès le moment où j’y ai mis les pieds en janvier 2020 et je m’étais alors promis d’y retourner tous les hivers, d’en faire mon chalet, en quelque sorte.
La vie a fait que mon deuxième voyage n’a pu avoir lieu que deux ans plus tard, en février 2022.
Malgré la pandémie qui a grandement limité les voyages entre mes deux séjours, j’ai été surprise de découvrir un village changé.
Rien à voir avec mon expérience islandaise, mais assez pour me faire dire une ou treize fois que d’ici cinq ans, mon petit village secret sera connu de tous et risque de ne plus être pareil.
Il y avait déjà tellement de nouveaux commerces et hébergements!
J’ai même appris que la route qui rend le séjour à El Transito un peu compliqué (disons qu’elle n’est pas de top qualité) sera bientôt pavée.
Presque personne ne vient ici pour une seule nuit, parce que ce 15km prend une éternité à parcourir… Avec une rue de qualité, le temps de voyagement sera grandement diminué et je suis certaine que les gens viendront en plus grand nombre.
D’un côté, je suis contente que des gens découvrent cet endroit si exceptionnel, mais d’un autre… j’ai peur que la tranquillité du lieu – ce qui fait son charme – soit compromise.
L’exemple de Tulum
En décembre dernier, je suis allée deux semaines à Tulum et bien que je n’aie pas détesté l’endroit (c’est trop beau pour ça), j’ai été choquée plus d’une fois par l’état des lieux.
C’était tellement gros, tellement too much.
Les commerces détenus par des étrangers qui ne semblaient en aucun cas bénéficier les gens de la place, les prix qui sont du straight up abus, la destruction des paysages naturels… je ne comprends juste pas comment la ville a pu se rendre là.
En partageant mes impressions, je ne compte plus le nombre de personnes qui m’ont dit qu’elles avaient visité Tulum il y a 10, 15, 20 ans et qui ne reconnaissaient pas la ville que j’ai découverte.
Je comprends l’intérêt de développer le secteur touristique d’une destination populaire ou qui a le potentiel de l’être, mais il me semble que lorsque ça change l’expérience, ça va à l’encontre du but un peu, non?
Comment être une touriste responsable
Tout ça m’amène à la question : comment être une touriste enthousiaste, mais responsable?
Le plus près d’une réponse se trouve sûrement dans mon billet Devrait-on encore voyager? Peser les pour et les contre, trouver un juste milieu. Toujours la même affaire plate.
Il faut se questionner sur nos comportements, penser plus loin que le bout de notre nez.
Encourager les commerces locaux plutôt que les multinationales. Acheter des souvenirs faits localement et non en Chine (sauf si tu es en Chine). Apprendre quelques mots dans la langue locale. Faire affaire avec des entreprises qui ont des valeurs qui nous parlent.
Et demander, dans le doute. « Est-ce que je peux faire XYZ? Parler de ABC? Voulez-vous que j’invite des gens? Que je passe le mot? »
Je pense que la communication et le respect des gens qui habitent les lieux est la clé.
Je me suis fait des amis à El Transito et je leur pose des questions quand je ne suis pas certaine si mon comportement est adéquat ou non. Si je devrais faire X ou Y, surtout en lien avec la médiatisation de mon expérience.
Je partage la bonne nouvelle (je veux que les commerces et lieux dont je suis tombée amoureuse aient du succès), mais je rappelle aux gens d’être respectueux et conscients de l’impact de leurs comportements.
J’essaie de faire partie de la solution, pas du problème.
Bref, encore une fois, j’écris une réflexion sans réponse. Mais je pense que se questionner sur cet enjeu est déjà un bon point de départ… non?
Tu peux découvrir une autre de mes grandes réflexions (presque) philosophiques sur la vie ici.
Tu as aimé ce billet? Épingle-le sur Pinterest!