Depuis quelques jours, une histoire me tourne en tête sans cesse. Une courte histoire, lue dans deux livres en l’espace de deux jours.

Elle serait de Paul Coelho, mais elle n’était pas créditée dans les livres où je l’ai lue (The 4-Hour Workweek* et Le Why Café*).

Mer à El Transito

La voici (ma version, inspirée des textes lus).

Un homme d’affaires est en voyage dans un petit village de pêcheurs, lorsqu’il croise un pêcheur qui rentre avec de nombreux poissons. Impressionné, il lui demande combien de temps a été nécessaire pour tous les attraper.

« Très peu de temps », répond le pêcheur.

« Alors, que faites-vous de vos journées? » demande l’homme d’affaires.

« Je me réveille tôt le matin, je pars en mer pour attraper quelques poissons, je rentre, je joue avec mes enfants, je fais une sieste avec ma femme, puis, le soir, je joue de la guitare avec mes amis. »

L’homme d’affaires est étonné par cette réponse. « Je pourrais vous aider à devenir riche! Vous n’auriez qu’à passer plus de temps en mer, attraper plus de poissons, vous pourriez ensuite acheter un plus grand bateau, attraper encore plus de poisssons, acheter plus de bateaux, fonder une compagnie, une usine de production, même un réseau de distribution! »

« Vous pourrez même déménager à New York d’où vous gérerez votre entreprise! »

Le pêcheur demande, « Et après? »

« Vous serez riche et vous pourrez vivre comme un roi! »

Le pêcheur demande, « Et après? »

« Vous pourrez prendre votre retraite, déménager et acheter une petite maison dans un village de pêcheurs, vous réveiller tôt le matin, attraper quelques poissons, rentrer à la maison pour jouer avec vos enfants, faire une sieste avec votre femme et, en soirée, jouer de la guitare avec vos amis… » 

Et le pêcheur de répondre : « Mais, n’est-ce donc pas exactement ce que je fais maintenant? »

Mes questionnements

Repas de poisson au El Capitan, El Transito

Mon restaurant préféré à El Transito ❤️

Peut-être que c’est justement parce que j’étais, moi aussi, dans un joli petit village de pêcheurs lorsque j’ai lu cette histoire, mais je n’arrête plus d’y penser. 

Cette simple histoire fictive m’a amenée à me questionner sur à peu près tout. Ce billet sera plus personnel, j’ai l’impression que mettre le tout par écrit m’aide à processer mes questionnements…

Plus que jamais, l’envie de tout laisser tomber me ronge de l’intérieur.

D’un côté, j’ai créé l’emploi de mes rêves et je ne me vois pas le faire ailleurs qu’au Québec. De plus, je veux rencontrer quelqu’un et fonder une famille, et une partie de moi se dit que ça devrait arriver ici, près des gens que j’aime.

Mais une autre partie de moi sait que je ne suis jamais 100% heureuse au Québec, surtout l’hiver. Je rayonne en voyage. J’aime mieux la personne que je suis ailleurs. Mon anxiété est plus facile à contrôler.

Et n’est-ce pas pour ça que j’ai décidé de travailler en ligne, pour la liberté de voyager à tout moment

J’ai l’impression que ces deux aspirations sont présentement incompatibles.

Redéfinir la richesse

Moi au coucher de soleil au Free Spirit Hostel

Depuis que j’ai lancé ce blogue, je tente de redéfinir la richesse. Je ne crois pas qu’elle est liée au montant dans ton compte en banque, mais plutôt aux expériences que tu vis, aux choix que tu fais qui sont en accord avec tes valeurs.

Je crois suivre mes valeurs la majorité du temps. Mais reste que, au Québec, j’aime bien un petit luxe.

Quand je voyage, c’est tout le contraire. Camping, dortoirs, pas d’eau chaude, vêtements sales… je suis tellement en paix que ces petits détails ne me dérangent plus du tout.

Bien sûr, mes problèmes d’anxiété et autres préférences ne disparaissent pas du jour au lendemain. Quand même, je me sens plus zen. Et hop, dès mon retour au Québec, tous ces changements positifs disparaissent.

Quand je reviens ici l’hiver, oublie ça, je passe plusieurs jours dans un état dépressif des plus désagréables. 

J’aime l’été au Québec. J’aime les gens ici. Ma famille, mes amis. Mais je n’ai pas le courage de partir, même si je sais que je serais mieux ailleurs. Je suis attachée à un certain statut social que je me suis créé.

Je suis retenue par le fait que j’habite le plus bel appart au monde. Par le fait QU’ENFIN, après des années de travail, je commence à faire des conférences et que j’adore cela. 

ordinateur dans un café à Vancouver

Travail dans un café de Vancouver

Moi à Osheaga

Backstage à Osheaga

Pourtant, le but de travailler en ligne était de profiter d’une plus grande mobilité!

J’ai commencé à me détacher de cela. J’ai décidé de laisser tomber plusieurs de mes tâches dans les festivals de musique, l’été, pour avoir plus de temps pour voyager et avancer mes propres projets. Mais honnêtement, j’ai la chienne de laisser tomber ce contrat au complet. Même pas pour l’aspect monétaire, je trouverais une solution.

C’est dur, de laisser tomber un mandat qui te donne accès à l’arrière-scène de l’industrie de la musique, quand tu as rêvé à ça toute ta vie.

J’ai l’impression que je dois m’avouer que mes rêves ont changé, et je trouve ça difficile.

Faire des choix

Moi aux piscines naturelles de El Transito

Chaque fois que j’ai voyagé, je suis revenue. Plusieurs fois, je suis partie un mois. Une fois deux mois, puis une fois, six mois. Mais toujours, le retour. 

La vérité est que bien que j’ai été triste de revenir bien des fois, je ne me voyais honnêtement pas habiter là-bas, donc le mal finissait par passer. Mais là, au Nicaragua, j’ai découvert un mode de vie que je me verrais adopter

J’ai même dit, à plus d’une reprise, que si j’avais un chum, limite un bébé, je ne me poserais même pas de question, je ne serais pas revenue avant fin mai ou juin. Je me verrais passer mes hivers là-bas, toute ma vie. Dans la simplicité.

Mais là, j’ai 33 ans et je veux fonder une famille. Veux veux pas, je n’ai pas 1000 ans pour le faire. J’aimerais rencontrer quelqu’un, vivre ce projet à deux, mais je suis en train de me dire que peut-être que ça n’arrivera pas ainsi, si ce n’est pas déjà arrivé.

Alors, je ne peux pas partir tous les hivers, dépenser tout mon argent en voyage. Je dois choisir un projet.

Lever de soleil à El Transito

Si j’avais commencé à voyager à 18 ans, comme plusieurs des personnes que je rencontre, si j’avais 23, 24 ans, je ne me poserais même pas de question. Je resterais. J’aurais le temps.

Mais j’ai commencé à voyager à 23 ans. J’ai fait mon plus long voyage à 26 ans. Et rendue à 33 ans, je suis tirée des deux côtés. Par mon désir sédentaire chum-maison-bébé-statut et mon désir de soleil, de plage et de liberté. 

À 33 ans, célibataire, je ne vois pas comment les deux peuvent cohabiter. Je ne pense pas rencontrer quelqu’un dans un petit village perdu, alors je me dis que je dois rester ici, mais je travaille seule chez moi et clairement, le dating n’est pas ma force. Je ne sais pas si je dois réellement choisir. Si je PEUX choisir. 

Je suis tiraillée.

Et l’Australie, dans tout ça?

Maccallum Pool

Sydney

El Transito est un endroit où je me verrais passer mes hivers, toute ma vie. Avoir un petit chalet sur le bord de la mer, faire des marches tous les matins, acheter du poisson frais pour le repas du soir, admirer le coucher du soleil.

Je m’y suis réellement sentie bien.

Je me suis longtemps fait demander pourquoi je ne déménageais pas en Australie, vu mon amour évident pour la place. La vérité est que l’Australie est loin, très loin, et que ça me fout la chienne.

Quand mon frère est décédé, il s’est passé moins de 24 heures entre son accident et son décès. Si j’avais habité l’Australie, je ne serais pas arrivée à temps.

Il y aussi le fait que je crois que si j’habitais là-bas, dans un pays si similaire au Canada, je finirais par reprendre certaines de mes mauvaises habitudes après un bout. Le style de vie est trop similaire.

Hobart reste mon happy place, et je crois que je pourrais y être heureuse longtemps. Il se passe des choses magiques, chaque fois que j’y vais. J’aime tout de cette ville. Ça reste un beau projet de « un jour ».

Vue du mont Wellington

❤️❤️❤️

Coucher de soleil au bord de l'eau

❤️❤️❤️

Mais l’immigration en Australie, le temps pour s’y rendre, le coût… ça fait beaucoup de « pensez-y-bien ».

Le chalet hivernal au Nicaragua, ça semble possible, pour vrai. Accessible. 

El Transito

Surfeurs au coucher de soleil à El Transito

Il faut juste que j’aie le courage de choisir ce que je veux le plus.

Tu peux maintenant lire la suite de cette réflexion, publiée un an et demi (et une pandémie) plus tard, juste ici.

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Image pour Pinterest : tout laisser tomber

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