Et si c’était ça, la vie? (2e partie)

«Est-ce que mes yeux sont corrects? J’ai l’impression qu’ils sont vraiment rouges. J’ai finalement eu un diagnostic, en passant : c’est une blépharite causée par la rosacée. Et tu sais ce que l’ophtalmo m’a prescrit? Beaucoup de chaleur et d’humidité…»

«Alors, quand achètes-tu ton billet d’avion?»

Ceci est une vraie conversation que j’ai eue avec mon amie Chloé il y a quelques jours.

Ce qu’elle ne savait pas, c’est que cet ophtalmo était le troisième docteur à me prescrire «beaucoup de chaleur et d’humidité» comme traitement médical.

Que fais-tu quand trois professionnels de la santé, dans trois domaines distincts, te donnent des conseils qui peuvent être interprétés par «le Québec, ce n’est pas tant fait pour toi, fille»?

Quand la chaleur est un traitement médical prescrit…

Moi à la Dune de l'ouest

Il y a eu l’ORL, en 2002. Je m’en souviens, parce qu’après ma turbinoplastie et septoplastie, le docteur m’a dit que je devais m’assurer de toujours être dans des lieux bien humidifiés (au minimum 40%) pour pouvoir bien respirer.

Quand je lui ai dit que je partais quelques semaines plus tard en Australie, il m’a dit que d’aller sur le bord de la mer était la meilleure décision que je pouvais prendre pour ma santé.

Ce verdict est revenu quand j’ai consulté une dermatologue pour ma crise aiguë de rosacée, en début d’année. J’avais déjà identifié que le froid et le vent semblaient être des déclencheurs, mais elle a confirmé le tout en plus de me dire que les grands écarts de température (du froid hivernal à la chaleur intérieure) n’étaient vraiment pas idéaux pour ma peau sensible.

Puis, le clou final, il y a quelques jours. Depuis mon diagnostic de rosacée, j’ai des problèmes de vision. Ma rosacée a atteint mes yeux et j’ai dû prendre des antibiotiques pendant six semaines en plus de suivre un régime très strict de soins.

J’espérais que ce soit temporaire, mais quand ça ne s’est pas calmé même avec l’arrivée de l’été, je suis retournée voir le médecin qui a fait ma chirurgie des yeux au laser. Selon lui, la meilleure solution à ce problème chronique est de toujours garder mes yeux bien humidifiés et au chaud. 

Trois docteurs, trois spécialités, mais un seul point commun : m’encourager à être dans des lieux chauds et humides le plus possible. Et tu sais où il n’y a pas de chaleur et d’humidité? Au Québec, en hiver.

Je n’aime pas l’hiver. Mais quand l’été est une prescription médicale… c’est là que je me demande si c’est plus que ça.

Rêver de la belle vie (avec plus qu’un jardin)

Mon balcon, chase Adirondak et fines herbes

À 35 ans, j’ai tout quitté pour habiter dans ma van et je n’ai jamais regretté mon choix…

Quand j’ai entendu l’intro de la deuxième saison de La belle vie avec Go-Van, j’ai eu un petit choc. Une réaction physique.

Ceux qui me connaissent savent que je commence beaucoup trop souvent mes phrases par «dans une émission à Unis.tv…» Je suis borderline gossante avec ça ces jours-ci, je sais.

Mais cette intro, elle est significative. Je me renseigne beaucoup sur les modes de vie alternatifs depuis quelque temps, et j’avais rarement (jamais?) entendu quelqu’un parler d’avoir fait le saut à 35 ans. 

Tous ceux dont j’entends parler, ils ont soit 20 ans, soit 50 ans et plus. Je commençais à penser que j’avais manqué le bateau du changement de cap, mais Julien Roussin Côté, sans le savoir, m’a énormément rassurée. Il a fait ce choix à 35 ans. Il a rencontré quelqu’un qui partageait ses rêves et il attend aujourd’hui un enfant. 

Du haut de mes 34 ans, je peux encore faire ce choix. 

Je ne crois pas que la van life à 100% soit pour moi. J’en ai déjà fait mention, je suis très attachée au matériel, j’aime avoir des biens physiques. J’aime aussi énormément cuisiner et faire des réserves, ce qui est plus compliqué en VR.

Mais cette émission m’a permis de découvrir tellement de modes de vie alternatifs, que je me suis enfin re-permis de rêver.

J’ai eu un autre moment A-HA! en découvrant l’existence des écohameaux, un genre d’écovillage collaboratif à petite échelle.

Pourquoi pas un parc de maisons mobiles écologiques et collaboratives?

L’autre émission dont je parle tout le temps, c’est C’est plus qu’un jardin. Je dois me rendre à l’évidence : si j’ai longtemps eu un high en achetant des billets de spectacle, aujourd’hui, c’est l’achat de légumes bio qui me fait triper. Et je rêve d’en faire pousser, moi aussi

Est-ce si alternatif que ça, comme mode de vie rêvé?

Moi au coucher de soleil au Free Spirit Hostel

Alors, quel est le lien entre la prescription médicale de chaleur et les modes de vie découverts et redécouverts dans des émissions de Unis.tv?

C’est comme si en mettant les deux ensembles, je me suis mise à imaginer ma vie rêvée et croire qu’elle est possible.

Si je me permettais d’imaginer la vie parfaite, voici ce que je verrais :

  • Une vie séparée 50/50 entre le bord de la mer, l’hiver, et le Québec, l’été (avec bien sûr des voyages de temps à autre)
  • Sur le bord de la mer où le coût de la vie est bas, j’aurais un petit bed and breakfast sans prétention d’une ou deux chambres qui me permettrait de financer mon projet
  • Au Québec, une petite maison (1500 pi2 max) sur un grand terrain avec une ou deux autres maisons similaires, pour vivre en communauté, mais avec des espaces privés, en ville ou à proximité de Montréal
  • Cette vie en communauté me permettrait de partir l’hiver, car quelqu’un pourrait garder un oeil sur ma maison (peut-être même y vivre)
  • Le terrain aurait un grand jardin où je pourrais apprendre à cultiver des légumes, avoir des poules et cuisiner en masse pour ma famille et la communauté avec laquelle je vis
  • Cette vie en communauté permettrait d’utiliser les forces de chacun pour être le plus autosuffisant possible et partager les coûts

Dans le fond, mon but, c’est que mon mode de vie génère assez de profits pour soutenir mon mode de vie. Je n’ai pas besoin de millions de dollars de profits, juste assez pour dire que vivre ne coûte pas ou presque pas d’argent.

Il me semble que ce n’est pas tant fou, comme objectif. À vrai dire, si la société ne me disait pas que c’est pas mal en marge de tout… je ne trouverais pas ça si alternatif. Ça me semble juste avoir du sens.

Plus le temps avance, plus je réalise que peut-être qu’une des raisons pour lesquelles je n’ai jamais été en relation à 34 ans, c’est parce qu’une partie de moi sait que je ne veux pas rester ici, alors je ne veux pas d’attache. 

Peut-être qu’en étant plus honnête avec moi-même et mes ambitions, peut-être que je trouverais enfin ma personne. Parce que c’est ça l’affaire : tu n’as qu’à en trouver une. J’ai juste à trouver UN gars qui ne me trouve pas si coucou de rêver ça. UN. Il doit bien exister quelque part?

L’alignement, le stress et la manifestation physique

Mer à El Transito

Quand j’ai annoncé à mes parents que j’avais eu un diagnostic de blépharite, ma mère s’est exclamée : «mais voyons, comment ça tu as toutes ces conditions chroniques, tout d’un coup?»

Je n’avais pas anticipé cette question. Et la réponse est sortie toute seule, car j’avais regardé le matin même une vidéo qui me proposait une réponse si simple, mais qui avait tant de sens.

Il s’agit d’une entrevue de ma préférée, Marie Forleo, avec la sociologue américaine Martha Beck. L’entrevue traite d’intégrité physique et mentale. Troisième moment 🤯 en quelques mois : quand Dr Beck dit que le désalignement (ne pas suivre notre voie) cause des maux physiques. 

Même si je croyais faire la bonne chose, même si j’ai déjà pris plusieurs décisions que je pourrais considérer ~champ gauche~, même si je pense quand même bien m’en tirer en tant qu’humain dans la vie, si je ne suis pas cette voie dont je rêve profondément sans l’avoir avoué jusqu’à maintenant, je vais continuer à multiplier les problèmes de santé. 

La santé mentale et physique sont intimement liées. Ne pas faire attention à un équivaut à ne pas faire attention à l’autre. 

La dernière année a amoché ma santé mentale en tabarouette (comme celle de millions de personnes). C’est ma responsabilité d’agir, de remettre les choses en place pour régler le tout. 

Peut-être que pour certaines, ce genre de truc est trop «woo woo», trop facile, trop d’adon, mais moi, j’y crois profondément

Les privilèges et la difficulté de changer de voie

Laptop sur le bord de l'eau

Sauf que… j’en parlais dans mon billet sur les changements d’emploi : plus tu as de privilèges et d’options, plus les choix deviennent difficiles. 

Et moi, je suis vraiment privilégiée. 

Dans ma vie, je peux identifier les moments où faire des choix a été facile et j’étais toujours au pied du mur. Quand tu n’as pas 1000 options, quand tu en train de couler, tu prends une décision et tu prends une décision vite.

En ce moment, mon petit train de vie de privilégiée transforme chaque décision en un mont Everest. Je ne veux pas perdre mon logement. M’éloigner de ma famille et mes amis. Devoir entreposer mes biens auxquels je tiens. J’ai une job sans boss où j’ai pu réduire mon horaire pour améliorer ma santé. J’habite sur le bord de l’eau. J’ai accès à un marché fermier. Je gagne un salaire qui, même s’il n’est pas élevé, me permet de très bien vivre. 

Et je laisserais ça tomber pour… rien de certain? Des risques? Bâtir une entreprise dans une industrie où je ne connais rien, dans un pays que je ne connais pas?

J’ai la chienne. Contrairement à ce que plusieurs semblent penser, je ne suis pas courageuse

Ce serait sûrement plus simple de choisir l’expatriation, mais je ne me vois pas quitter le Québec à 100%. Mon monde est ici, j’ai réalisé plus que jamais en 2020-2021 que l’assurance-maladie et un système de santé universel, malgré tous ses travers, c’est une sacré chance et j’aime ça, l’été à Montréal.

Quelles valeurs ont le plus d’importance?

pile d'argent

J’ai souvent dit que l’argent n’était vraiment pas la valeur la plus importante à mes yeux et plus je vieillis, plus ceci est vrai. En fait, le mode de vie auquel je rêve repose plus sur l’échange, la communauté, le partage en remplacement de la monnaie.

J’ai beaucoup parlé de l’importance de la liberté pour moi. J’ai acquis cette liberté grâce à plusieurs choix faits par le passé et je ne veux pas la perdre.

Je réalise maintenant que le temps est une valeur à laquelle je dois porter plus d’attention. On peut toujours obtenir plus d’argent, on peut s’arranger pour obtenir la liberté, mais le temps, c’est quelque chose de limité qu’on ne peut pas récupérer. 

J’adore écrire, j’adore ce que j’ai créé avec ce site web et L’année qui compte, mais je ne peux plus passer mes semaines assise devant un ordinateur. Ce n’est pas bon pour ma santé, c’est en train de me rendre malade. Malgré toute la liberté que ça me donne.

2020 aura été l’année du ~retour à la terre~ pour plusieurs. Dont moi. En dédiant du temps plus que jamais à la cuisine, j’ai pu réduire ma facture d’épicerie, l’une de mes plus grandes sources de dépenses. Et honnêtement, c’est l’une des choses qui m’a gardée saine au cours des 18 derniers mois. Ça et le yoga. 

Et le jardinage, l’été.

Moi dans le potager de mes parents
J’ai publié cette photo sur Instagram avec la capture : «Regarde une émission de jardinage une fois, essaie de forcer ses parents à transformer leur cour complète en potager» 😂

En fait, j’ai tellement cuisiné que je ne peux pratiquement plus le faire, je donne de la nourriture à tout le monde autour de moi : même si je n’achète que 30$ de légumes par semaine depuis plus d’un mois, mon congélateur ne ferme plus

Je ne sais pas quoi faire quand je suis seule chez moi, sauf ouvrir mon ordinateur et écrire. Je ne peux plus cuisiner comme je le faisais cet hiver, vu que je n’ai pas d’endroit où entreposer ce que je prépare et ça a l’air qu’il y a une limite à ce qu’une personne peut manger.

C’est ce que j’aime d’un projet comme un bed and breakfast ou vivre en communauté : je pourrais utiliser cette passion, y dédier du temps, en faire plus. Au bénéfice de tous. 

Et la suite?

Surfeurs au coucher de soleil à El Transito

J’ai écrit à quelqu’un rencontré au Nica, en janvier 2020, pour savoir comment les choses se passaient là-bas. J’aimerais y retourner cet hiver. Je pensais partir dès l’automne, mais elle m’a dit qu’il y avait des élections à ce moment et que ça pouvait brasser, et que la température était moins intéressante, aussi. 

Alors je pense plus à janvier 2022.

Cet été, je continue mon Montréal World Tour™️, je fais du yoga tous les jours et je marche dès que la température me le permet. J’essaie de me forcer à accepter que je ne peux pas passer plus que quelques heures par jour à l’ordi, même si cela signifie faire moins d’argent… Mais grâce à la liberté mentionnée plus haut, ma productivité et mon salaire ne sont directement liés, donc cette pause à 50% de ma capacité ne me met pas dans une position financière impossible, non plus, ce qui est bien sûr incroyable.

Je verrai ce que je fais cet automne. Me promener au Mexique, en Équateur, au Costa Rica? Parler de mon projet à qui veut bien l’entendre pour voir ce que ça pourrait donner?

C’est difficile d’admettre que nos rêves changent au fil de notre vie. Mais nos rêves PEUVENT changer.

J’ai longtemps défini ma valeur comme humain par la coolitude de mes mandats professionnels. Mais maintenant, tout ce que je veux, c’est passer du temps dehors au soleil.

Et je me dois, pour moi, pour ma santé, et pour mes relations avec les gens autour de moi qui doivent me trouver ingérable quand je suis anxieuse, de tenter de réaliser celui-ci.

Même s’il est woo woo, même s’il est champ gauche, même si la planète entière me dit que c’est vraiment weird, ce genre d’ambition.

Et si, dans la fond, c’était juste ça, la vie?

Pour lire la première partie de cette réflexion, publiée juste avant le début de la pandémie, c’est par ici!

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Image pour Pinterest : mode de vie alternatif

Rêves-tu toi aussi d’un mode de vie alternatif? Dis-le-moi dans les commentaires!

6 Commentaires sur “Et si c’était ça, la vie? (2e partie)

  1. Isabelle dit :

    Cet article tombe tellement bien. Je me pose exactement ce même genre de questions depuis un an. J’ai 31 ans et l’envi de quitter le bateau m’interpelle plus que jamais, mais la crainte de perdre mes acquis (relation, maison, salaire stable, communauté, matériel, etc.) pour sauter dans le vie me paralyse littéralement. Bonne réflexion ! Je te souhaite de trouver ton chemin 🙏 Je te recommande le podcast de Jay du Temple avec Vanessa Pilon qui est très inspirant!

  2. Véronique dit :

    Moi, c’est vraiment l’inverse de toi. La chaleur de l’été me fait mal comme une étiquette qui me gratterait constamment le dos. Je ne supporte rien en haut de 25 degrés! Alors, moi aussi, avec les changements climatiques, je songe à partir, mais pour l’Islande! Ça fait des années que j’en parle et j’ai 45 ans!

    • Béatrice dit :

      Haha! Dans un monde idéal, j’aimerais habiter un lieu ou il fait 23 à l’année! Je n’aime pas les grandes chaleurs non plus, mais si j’ai une piscine ou l’air clim, j’aime vraiment mieux ça (genre c’est un tout autre monde) que le froid. Et il y a tout ce qu’il est possible quand il fait chaud, comme manger local! Je te souhaite de réaliser ton rêve!

  3. Nathalie dit :

    Allô – j’ai longtemps rêvé d’un mode de vie alternatif avant de constater que tous n’étaient pas prêts à faire preuve de la même générosité que moi et n’avaient pas le souci des autres et du bien commun comme moi. Et aussi pour les communautés, un point à considérer selon moi, c’est comme une grande famille avec les bons et moins bons cotés 😉 je te conseille de tester avant de faire le saut, et de te protéger financièrement et légalement.
    Et pour concilier ton besoin de plage et ton amour de la cuisine, pourquoi ne pas partir en Floride ou au Mexique avec des retraités et cuisiner pour eux en échange de l’hébergement, un peu comme tu l’avais fait au Nicaragua?
    Ton idée d’hiver à l’étranger et d’ete au Quebec me semble tout-à-fait réaliste! Bonne chance!

    • Béatrice dit :

      Merci Nathalie! J’ai écrit un nouveau billet qui sera publié la semaine prochaine sur mon rêve le plus fou sur la vie en communauté. Je pense que c’est possible de trouver des gens qui pensent assez comme nous pour qu’il y ait plus de positifs que de négatifs 🙂
      Pour l’instant, je ne me verrais pas vivre pendant une période de temps prolongée avec des personnes âgées. Peut-être un jour. Pour l’instant je préfère être avec des gens de mon âge en espérant rencontrer un chum 😉

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