Je n’écris pas ceci pour me plaindre, mais bien parce que la seule chose que je sais faire, c’est écrire.
J’ai choisi d’être travailleuse autonome en 2013. Depuis, ma vie professionnelle et personnelle ne sont qu’une. Il n’y a aucune délimitation entre les deux.
Et huit ans plus tard, une pandémie plus tard… ça vient de me frapper comme une tonne de briques.
J’ai la chance de vivre de ma passion : l’écriture. Grâce à la publicité sur ce site web et une boutique en ligne de produits virtuels, ce sont mes mots et ma créativité qui me permettent de payer mon loyer tous les mois.
Fou, pareil.
Sauf que je me suis rendu compte que j’avais un problème quand j’ai voulu prendre des vacances, mais je n’ai tout simplement pas réussi à ralentir.
Qu’est-ce que tu fais, quand tu réalises que ton hobby est devenu ton travail et donc, que tu n’arrives pas à arrêter?
Une réflexion.
Quand une passion devient un travail
De toute évidence, ceci est du domaine du first world problem x1000. Mais ça reste problématique.
Je ne sais pas où commence Béatrice l’entreprise et où se termine Béatrice la personne.
Même quand j’essaie de prendre congé, je suis tout simplement incapable d’arrêter de regarder mes courriels, de penser à des idées d’articles ou de publier sur les médias sociaux.
La preuve, c’est que la première chose que j’ai envie de faire lorsque je pars en vacances, c’est écrire sur mes expériences.
Que la première chose que j’ai envie de faire quand je fail mes vacances, c’est… partager mon histoire. Encore.
Mon réflexe, quand quelque chose ne va pas ou quand je suis incapable de l’exprimer par les mots parlés, c’est d’écrire. Et puisque mon travail, c’est d’écrire… Ça me met dans une situation un peu étrange.
Mon meilleur antidote aux problèmes de travail, c’est ce qui se retrouve à être mon travail!
Vie privée ou vie professionnelle?
Étant solopreneure avec biiiin de la difficulté à déléguer (tant pour mon côté control freak que parce que ça signifie dépenser une bonne partie de mon déjà maigre salaire), j’ai de la difficulté à passer en mode congé à 100%.
Ce n’est pas comme si je faisais du overtime pas payé quand je décide de travailler plus de 40 heures par semaine. C’est moi qui choisis mon horaire et mon salaire a peu à voir avec le nombre d’heures que je travaille.
C’est quoi le boulot, c’est quoi le temps libre, quand tu as bâti une entreprise qui roule grâce aux revenus passifs et donc, que les heures travaillées n’ont pas de lien direct avec l’argent gagné?
Même si je sais que c’est une mauvaise habitude et que je dis à qui veut bien l’entendre que ce n’est pas une bonne idée de travailler tout le temps, quand tu vois un courriel entrer et que tu sais que ça va seulement prendre quelques minutes pour répondre, c’est très tentant de le faire…
Les courriels, justement. Ç’est niaiseux, mais c’est un des trucs qui fait que j’ai de la difficulté à décrocher.
J’ai tellement longtemps utilisé la même adresse courriel pour mes courriels pro et perso que je reçois encore la majorité des demandes professionnelles dans ma boite Gmail.
Je justifiais ça en disant que c’est plus simple d’avoir uniquement une boite courriel à gérer (je transfère tous mes courriels dans la même boite de toute façon), mais ça signifie que j’ai aussi toujours mes courriels professionnels dans la face.
Et ce n’est pas comme si j’avais le choix, parce que j’ai une boutique en ligne et un service d’abonnement, je ne peux juste pas mettre le service à la clientèle à off deux semaines…
Et disons que je m’en serais voulu en titi si je n’avais pas appris que mon site web était hacké avant plusieurs jours, si j’avais suivi mon plan initial de ne pas aller sur internet au Nicaragua en janvier 2020 (je l’ai su en rentrant dans l’avion, ce qui a mis fin à ce plan dans le temps d’le dire).
Une personne. Une entreprise. Pas de ligne entre les deux.
Le problème du travail à la maison
Depuis des années, je répète à qui veut bien l’entendre que le travail à la maison, c’est la vie. Pourtant, je réalise que c’est également problématique… surtout quand tu adores ton travail.
Ma maison est mon bureau et ma plus grande passion est mon gagne-pain.
Quand tu vois ton ordinateur à longueur de journée et que tu aimes ce que tu fais, ça devient tentant de continuer à travailler quand tu n’as rien de mieux à faire, même si tu es en congé.
Et qu’est-ce que tu fais quand, même quand tu arrives à te convaincre d’arrêter, dès que tu te connectes à internet, tu es assaillie de tous bords, tous côtés par des trucs liés au boulot, quand tu veux juste regarder les Stories mettant en vedette la fille de ton amie? (Salut Margot)
Je trouve ça le fun, mettre des photos sur Instagram, même si ça fait techniquement partie de mon travail…
Sans compter tous ceux qui utilisent mes réseaux personnels pour m’envoyer des messages professionnels (même si des fois, c’est de ma faute)…
Est-ce réellement possible d’arrêter, quand tu as un emploi créatif?
En créant ma job idéale, je me suis aussi créé un gros problème.
Même quand tu passes seulement 30 ou 35 heures devant l’ordi pendant la semaine, quand tu es entrepreneure et que tu travailles en contenu, ton cerveau roule en tout temps. 168 heures par semaine.
Mes meilleures idées, je les ai souvent eues lors de marches ou en jasant avec des amis.
J’en parlais avec ma coiffeuse récemment. Elle a choisi cet emploi en très grande partie, parce qu’elle pouvait réellement arrêter de travailler, une fois son quart terminé. Pas moi.
C’est contre-intuitif, mais tout ce que j’ai lu sur la productivité (et j’en ai lu en mautadine, des affaires sur la productivité) dit que le repos est bénéfique. Tu es mieux d’avoir cinq heures où tu es méga concentrée par jour que huit heures où tu rêvasses.
Je le sais, en plus, que je suis mille fois plus productive le lundi, après deux jours de congé, que le vendredi. Que quand je m’assois avec un crayon et un cahier et que je fais un plan de match, je peux accomplir plus de choses en deux heures que quand je fais juste m’installer à l’ordi parce qu’on devrait être au bureau de 9h à 17h.
J’ai été plus productive en 2-3h par jour au Nicaragua que je l’ai été pendant pas mal tout 2021 à date. Parce que je suis fatiguée de la pandémie, parce que je ne dors pas bien, parce que je m’entête, parce que je me sens coupable quand j’arrête.
C’est tellement dur d’admettre que ça ne va pas quand tu es tellement plus privilégiée que la majorité…
Mon plus grand défi est la balance travail / vie personnelle. Je dois me laisser du temps pour respirer, surtout que je SAIS que c’est ainsi que j’ai mes meilleures idées et donc, que c’est BÉNÉFIQUE de ne pas être assise sur mon popotin 8h par jour, 5 jours par semaine.
Et je dois arrêter de me sentir coupable de le faire…
Un début de solution?
Ça fait quelques semaines que je travaille sur cette ébauche de billet, au fil de mes réflexions.
Je pense que d’avoir mis le tout sur papier (figuratif) m’a aidé à y voir plus clair.
J’ai décidé de prendre les mesures suivantes pour tenter de résoudre mon problème :
- J’ai tranquillement commencé à aviser tout le monde qui écrit à mon adresse courriel Gmail d’effacer cette adresse de leurs dossiers et plutôt écrire à mon adresse professionnelle.
- J’ai ajouté un Out of office permanent sur mon Gmail rappelant la même chose.
- J’ai ajouté un Out of office à mon adresse professionnelle disant à quels moments je consulte et réponds à mes courriels (3 heures par jour, 4 jours par semaine).
- J’ai découvert la fonction Snooze dans les boites Gmail / Workspace pour faire disparaitre des messages auxquels je ne veux/peux pas répondre dans l’immédiat de ma boite quelques heures / jours, pour ne pas être stressée de voir ceux-ci s’accumuler.
- J’accepte que je vais décevoir des clients et que je risque de perdre des opportunités en agissant de cette façon.
- J’ai changé mes limites de temps d’écran (précédemment de 22h à 7h) pour 21h à 9h sur mon cellulaire et je n’ouvre pas mon ordinateur le weekend ou après 19h, la semaine.
- Je suis devenue très stricte avec ma routine du matin (respirations profondes, méditation, étirements), quitte à me lever plus tôt pour l’accomplir, car je sais à quel point elle m’aide.
- Je pratique le 20/20/20 (20 minutes de travail, suivi de 20 secondes à regarder à plus de 20 mètres) pour tenter d’aider mon problème de fatigue oculaire.
- Je mange bien, je bouge tous les jours et je dors 8h par nuit minimum. Et je garde mon appart propre propre propre.
- J’organise au moins une activité sociale par semaine.
- Le plus difficile : j’essaie de respecter mes limites. En ce moment, ça signifie environ 4h de travail maximum par jour.
Bref, je réalise que la solution pour moi n’est pas tant de réussir à décrocher à 100% pendant une semaine, mais plutôt d’accepter de travailler à 50 ou 60% pendant une période prolongée.
Mon côté perfectionniste a bien de la misère à accepter de ne pas être en face d’un ordi pendant 40 heures par semaine. Comment est-ce que je vais prouver que je travaille, si je ne suis pas assise au bureau? Mais à qui j’ai besoin de prouver que je travaille, anyway?
Bref. Ce n’est pas simple. Je ne prétends pas avoir la réponse, ni que ma solution est parfaite.
Mais au moins, je suis consciente du problème, du fait que c’est un problème, et j’essaie d’améliorer ce fameux équilibre.
Tu rêves de devenir pigiste ou solopreneure? Voici ce que tu dois savoir.
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