Pourquoi attendre d’atteindre le bout du rouleau avant de changer d’emploi?

Il y a quelques mois, une connaissance a suggéré Ça coûte cher, être un adulte! à Pierre-Luc Racine, qui voulait lire un ouvrage sur les finances personnelles pour Urbania.

J’avais brièvement entendu parler de Pierre-Luc, mais je ne connaissais pas très bien son travail.

J’ai beaucoup aimé les deux articles qu’il a écrits au sujet de mon livre, donc j’ai décidé de le suivre sur les réseaux sociaux.

Et quelle ne fut pas ma surprise, quelques temps plus tard, d’apprendre qu’il avait à son tour publié un livre dont le nom pourrait difficilement plus me parler : Comment lâcher sa job de bouette et (essayer de) vivre de ses rêves*.

En le lisant, une réflexion m’est venue à l’esprit en pensant à ma situation personnelle et à celle qu’il décrit : pourquoi attend-on d’avoir atteint le bout du rouleau avant de changer d’emploi?

Une réflexion.

Qu’est-ce qu’une job de bouette?

Moi quand je travaillais aux Canadiens
La job étudiante la plus cool au monde et celle qui m’a ouvert toutes les portes!

Pourquoi as-tu envie de changer d’emploi? Il y a 1001 réponses (toutes valides) à cette question. Et l’une de celles-ci, c’est que ta job, c’est d’la bouette.

Et une job de bouette, c’est différent d’une personne à l’autre. Ça n’a souvent rien à voir avec l’emploi ou l’organisation comme tel; c’est simplement le fit qui n’est pas bon. 

C’est ce que j’ai vécu, dans mon ancienne vie : j’ai obtenu un emploi prestigieux que j’espérais plus que tout, dans une entreprise où j’ai passé cinq ans à gravir les échelons. Et quand je l’ai finalement eu? Je suis partie après neuf mois.

Bon, il y a eu le fait que la job ne me convenait pas du tout, que les attentes envers moi ne correspondaient pas à mes ambitions, mais aussi le léger détail que quelques semaines après avoir accepté ce poste ultime, mon frère est décédé, ce qui m’a forcé à réévaluer tout ce que j’avais tenu pour acquis avant. 

Dans son livre, Pierre-Luc Racine passe à travers toutes les raisons pour lesquelles il a quitté l’actuariat, son prestige et son salaire, pour devenir humoriste, retourner sur les bancs d’école (de l’humour) et gagner un maigre salaire grâce à son écriture.

Il ne s’adresse pas seulement aux gens qui rêvent à un parcours comme le sien (ou le mien), allant d’un extrême à un autre, mais bien à toute personne qui n’est pas comblée au travail et qui pense à se réorienter, que ce soit à la pige ou en entreprise. 

J’ai beaucoup apprécié ce livre, que j’ai parcouru alors que je me questionnais sur mon futur professionnel post-pandémie. Le ton est non-moralisateur et le livre est rempli d’anecdotes, de blagues et de petits graphiques pour alléger la lecture.

Pourquoi est-ce si difficile de quitter un emploi, même quand tu ne l’aimes pas?

Livre Comment lacher sa job de bouette et (essayer de) vivre de ses rêves
J’ai ajouté *quelques* post-it pendant la lecture 😂

Espace bureau

En gros, une job de bouette, ça peut arriver à n’importe qui, n’importe quand. Alors pourquoi est-ce si difficile de changer d’emploi? Pourquoi doit-on absolument attendre un événement traumatisant, une fatigue extrême ou même une maladie mentale avant de la quitter?

Il y a tellement, mais tellement de raisons.

Premièment, un emploi, aussi misérable soit-il, c’est un emploi. Un revenu assuré. Souvent, pour faire des tâches que tu sais faire et que tu sais bien faire. C’est tellement facile de tomber dans le confort, même quand celui-ci ne t’apporte pas de sentiment d’accomplissement.

Il y a aussi l’investissement que tu as fait pour te rendre jusque là. Dans son livre, Pierre-Luc en parle beaucoup, car il a dû continuer à étudier et passer des examens même une fois sa formation universitaire terminée afin de garder son titre d’actuaire. 

C’est normal de se demander « pourquoi j’ai fait tout ça, si je suis pour abandonner maintenant? »

Puis, il y a le privilège. Je pense que c’est le facteur le plus difficile à admettre. Il y a deux types de privilèges, selon moi : celui associé à la job comme telle (un titre, des avantages sociaux, un salaire, etc.) et celui associé au succès.

Juste avant de lire Comment lâcher sa job de bouette et (essayer de) vivre de ses rêves, j’ai (enfin) lu The Subtle Art of Not Giving a F*ck de Mark Manson, que je suis depuis des années. Et un des passages (que je traduis ici) m’a particulièrement marquée :

Lorsque tu dors sur un futon malodorant, que tu dois compter ton argent pour savoir si tu peux te permettre du McDonalds cette semaine et que tu as envoyé 20 CV sans retour, alors démarrer un blogue et une entreprise stupide sur internet n’est pas une idée si effrayante. Si chaque projet que je commence échoue, si chaque billet que j’écris n’est pas lu, je serais simplement de retour exactement là où j’ai commencé, alors pourquoi ne pas essayer?

Au contraire, quand tu as déjà plein de succès et d’opportunités, tu te retrouves face au paradoxe du choix. Tu as tellement d’options, souvent fantastiques, que ça devient plus difficile de faire un choix que si tu n’avais rien. Tu sais tout ce que tu laisses tomber en changeant de voie.

Alors, oui, c’est tout à fait normal de trouver ça difficile de quitter un emploi, même de bouette. 

L’action attire l’action

Moi au Salon du livre d'Edmundston

Depuis quelques semaines, je suis bien gossante avec cette phrase : l’action attire l’action.

Je me la répète souvent, car j’ai tendance à être lâche et accepter le statu quo, même quand celui-ci ne me satisfait pas. 

Je me suis fait reprocher de me donner trop d’objectifs, d’être trop stricte avec moi-même, mais la réalité est que *pour moi*, sans to do claire et précise, sans objectif béton, je vais juste m’enfoncer dans le confort jusqu’à ce que je sois vraiment malheureuse.

Alors, quand je remarque que je tombe dans des patterns négatifs, je me donne des tâches à réaliser et je vois très vite que plus je suis dans l’action, plus j’ai envie de bouger et de changer les choses.

Je pense que pour un changement de boulot, cette même vision peut être bénéfique. 

Plus tu t’installes dans le confort d’une carrière qui ne te plait pas, plus ça va être difficile d’en sortir, surtout si tu commences à accumuler les avantages.

Je dis ça, je dis rien, mais Pierre-Luc Racine a également une phrase similaire dans son livre (la veille motive le lendemain) et Mark Manson dans le sien (l’action n’est pas seulement l’effet de la motivation; c’en est aussi la cause. – traduction libre).

Ah et il y a ma préférée, Marie Forleo, qui répète toujours Clarity comes from engagement, not thought (la clarté vient de l’engagement, pas de la pensée).

Alors je ne suis pas la seule à y croire 😉

Est-ce réellement courageux de quitter un emploi qui ne te plait pas?

Moi à Osheaga
Dans le cadre de mon boulot à Osheaga 😎

Un des passages qui m’a marqué, dans le livre de Pierre-Luc Racine, est celui où il dit que certaines personnes ont qualifié son changement de carrière de « courageux », justement parce qu’il quittait un emploi prestigieux et son salaire pour une situation précaire.

Il y a quelques années, j’avais écrit un billet complet sur ce sujet, car je ne comprenais pas pourquoi autant de gens me disaient que j’étais courageuse d’avoir laissé mon emploi de rêve pour devenir pigiste.

Je suis du même avis que Pierre-Luc : il n’y a rien de courageux dans ce choix (même s’il est difficile). Quand tu arrives au bout du rouleau, tu vois bien que tu ne peux pas continuer ainsi et tu agis par nécessité.

Et ça me ramène à ma question plus haut : pourquoi attend-on d’être au pied du mur? Il me semble que ce serait tellement plus simple pour tous (nous comme notre employeur) si on agissait avant de ne plus avoir d’autre choix. 

Quand tu attends autant, comme l’explique Pierre-Luc, le choix devient en fait de rester dans l’emploi qui te rend malheureuse. « Et si on choisit d’y rester, c’est qu’on croit, consciemment ou non, qu’on ne vaut pas mieux. »

Ouf. Ça fait mal à lire, mais ce n’est pas faux (dans la majorité des cas). Je reviendrai à la nécessité des jobs alimentaires et à tout le respect que j’ai pour celles qui n’ont pas d’autre choix.

La peur du succès

Je devrais être heureuse

Un autre truc important à prendre en considération lorsque vient le temps de quitter un emploi pour un autre : la peur de l’échec… mais aussi celle du succès.

C’est terriblement paralysant et déstabilisant de quitter un domaine que tu connais pour quelque chose que tu ne maitrises pas ou peu.

Encore plus épeurant quand tu quittes quelque chose où tu es juste average pour quelque chose qui t’illumine. 

Ça revient au statu quo si réconfortant. Ça revient à « j’ai tout fait ça pour ça? ». À la peur de l’inconnu – qu’il soit positif ou négatif.

Comme l’explique Pierre-Luc dans son livre, tu dois te rappeler que même si tu pars d’un domaine à un autre, totalement différent, tes compétences, tes contacts, tes bonnes habitudes de travail, tes connaissances, tes expériences interpersonnelles, ton expérience en gestion d’employés et tes autres habiletés te suivront. 

Tu peux toujours utiliser ce que tu acquis dans le passé pour ta nouvelle aventure.

Et si tu échoues? Retourne à la citation de Mark Manson plus haut. Tu auras bien moins peur de te lancer de nouveau.

Et si tu as du succès? Tu auras peut-être le tournis un certain temps, mais ça vaudra en masse la peine.

Comment trouver un emploi qui te convient?

Bureau extérieur l'été

Il y a quelques jours, je suis tombée sur une publication Instagram d’un illustrateur américain que j’aime beaucoup, Adam JK. Elle montrait un sac de shopping où il est inscrit « Do what you love and you’ll never work a day in your life work super hard all the time with no separation or any boundaries and also take everything extremely personally » (Faites ce que vous aimez et vous ne travaillerez jamais un seul jour de votre vie travaillerez très fort tout le temps sans séparation ni limites et prendrez tout de manière extrêmement personnelle)

Je me suis sentie légèrement attaquée.

On a souvent cette idée que quand on aime notre travail, on va nécessairement avoir un sentiment d’accomplissement et de joie tous les jours de la vie.

Même si c’est beau comme objectif et que ça arrive pour certaines personnes, ce n’est malheureusement pas le cas tout le temps. 

Trouver un emploi qui te convient signifie trouver un travail où tu aimes les problèmes auxquels tu fais face et que tu aimes les résoudre. Ou, au minimum, que tu les tolères.

Quand tu auras l’impression de CHOISIR tes problèmes, tu seras plus heureuse. 

C’est important de noter que des fois, la vie fait que ce n’est pas possible. Pour une multitude de raisons.

On devrait applaudir les personnes qui doivent accepter une, peut-être même deux ou trois jobs alimentaires qui ne correspondent en aucun cas à la définition des emplois dont je parle dans ce billet.

CES personnes sont courageuses. CES personnes sont exceptionnelles.

Si c’est impossible pour toi de trouver un emploi de rêve pour le moment, quelle que soit la raison, premièrement, tu as tout mon respect.

Mais deuxièmement, sache que tu peux aussi simplement viser, comme Pierre-Luc l’explique dans son livre, une job qui te paiera un taux horaire suffisant sans que tu y laisses ta peau, dans le but de pouvoir consacrer le reste de ton temps à ton rêve.

Plus simple à dire qu’à faire, je te l’accorde. Mais c’est possible. 

Combien d’argent as-tu réellement besoin?

pile d'argent

Plus de 2000 mots sur l’emploi et pas vraiment de mention du salaire.

C’est voulu 😉

Je crois que la phrase la plus importante de tout Comment lâcher sa job de bouette et (essayer de) vivre de ses rêves, c’est la suivante : 

Votre valeur en tant qu’humain n’est pas proportionnelle à l’argent que vous gagnez.

Répète après moi : ma valeur n’est pas proportionnelle à mon salaire. Ouf. 

Oui, faire un minimum d’argent, c’est important. Mais le salaire ne devrait vraiment pas être ta plus grande priorité lorsque tu cherches un nouvel emploi. Il y a tellement d’autres valeurs plus importantes dans la vie.

Ton sentiment d’accomplissement. Ton bonheur. Ta capacité à te sentir utile et appréciée.

Quétaine? Peut-être. Vrai? En tout cas, moi j’y crois à 100%. 

Honnêtement, combien de gens qui ont quitté leur emploi bien payé pour une vie plus simple as-tu entendu dire qu’ils regrettent leur choix? I’ll wait. Moi, zéro.

Je reviens à l’anecdote du pêcheur qui se fait proposer de grandir une entreprise pour faire plein d’argent afin de se payer… ce qu’il a déjà : l’argent, ce n’est pas tout dans la vie.

Est-ce que ton emploi t’offre un salaire qui te permet de te loger, de te nourrir, de te sentir en sécurité et de t’offrir quelques petits plaisirs? Parfait. Tu n’as pas besoin de 500 000$ par année pour être heureuse. 

Ta job te comble ET te paie 500 000$? Fille, tu as pogné le jackpot! Profites-en!

Le danger de trop aimer ton emploi

Moi quand j'ai reçu Ça coûte cher, être un adulte!

Comme toujours, je m’emballe et je finis par écrire un roman 🙃

Mais je veux terminer en mentionnant que si tu aimes ton emploi, c’est bien, mais tu dois aussi faire attention de ne pas te surmener. J’ai parlé de mon incapacité à prendre des vacances pas plus tard que la semaine dernière.

À moins que j’aie quelque chose de vraiment excitant à l’horaire qui m’empêche de travailler, je finis souvent par m’assoir à l’ordi, quitte à me brûler. Je connais aussi beaucoup trop de workaholics, certains avoués, d’autres non.

À la fin de son livre, Pierre-Luc glisse une petite phrase sur ce danger en disant qu’il ne s’accorde pas assez de congés et qu’il souhaite remédier à la situation. 

Garde ça en tête. Rappelle-toi que le repos t’aidera à être plus productive et que de faire autre chose te permettra de t’ennuyer de ton emploi des fois, ce qui ne peut être que bénéfique.

Alors, as-tu une job de bouette ou une job de rêve? Tu sais ce que tu dois faire pour la suite 😉

Si tu envisages de te lancer à la pige, tu trouveras toutes mes ressources à ce sujet ici!

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Image pour Pinterest : changer d'emploi

Es-tu satisfaite de ton emploi actuel? Dis-le-moi dans les commentaires!

J’ai reçu Comment lâcher sa job de bouette et (essayer de) vivre de ses rêves en envoi de presse.


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