Il y a quelques années, je me suis promis que je commencerais à contribuer à un REER à 30 ans. Et… j’ai eu 30 ans.
J’ai dû mettre ma peur de côté. Un peu.
Quelques années plus tard, je réalise que je ne suis toujours pas assez prête en prévision de la retraite.
Je m’en veux de ne pas m’y être intéressée plus tôt, mais la réalité est que je ne suis pas seule dans ma situation. En fait, nous sommes de plus en plus nombreux.
Si tu es comme moi et que tu as toujours un peu de difficulté à bien comprendre les REER et tous les autres mots et acronymes comptables, ce billet est pour toi.
Qu’est-ce qu’un REER?
Bon, commençons par la base. REER signifie régime enregistré d’épargne-retraite.
C’est un compte d’épargne dont le but premier est de mettre de l’argent de côté pour la retraite, bien qu’il ait d’autres avantages.
Il n’y a pas d’âge minimal pour cotiser à un REER, et l’âge maximum est 71 ans. Plus tu commences à épargner jeune, plus les intérêts auront du temps pour fructifier. Tu te rappelles du concept des intérêts composés?
La cotisation maximale au REER est 18% du revenu de l’année précédente, jusqu’à concurrence de 27 230$ (2020).
Pour connaître le montant maximal que tu peux cotiser, tu dois consulter ton avis de cotisation de l’année précédente. Si tu participes à un régime de pension offert par ton employeur comme un un Régime volontaire d’épargne-retraite (RVER), un régime d’épargne-retraite qui permet aux employés de cotiser pour la retraite grâce à une retenue sur leur salaire, le montant que tu peux cotiser sera réduit.
Pour que celui-ci soit admissible pour cette déclaration de revenus, il doit être fait au maximum dans les 60 premiers jours de l’année actuelle.
Concrètement, ça signifie que tu as jusqu’au mois de mars pour déposer de l’argent dans ton compte REER pour l’année 2020.
Tu me suis jusqu’ici?
REER et CELI, quelle est la différence?
La version rapide? Les REER et CELI sont deux produits bancaires offrant plusieurs possibilités, ayant chacun de nombreux avantages. Tu peux épargner (compte-épargne, CPG) et investir (ex. : fonds communs de placement, actions boursières et indices) à travers ton REER et ton CELI.
Un CELI est un compte d’épargne où ton capital (incluant les intérêts) fructifie à l’abri de l’impôt. Cependant, l’argent que tu places dans un CELI ne te donne pas accès à des réductions fiscales, comme c’est le cas avec un REER.
Le REER servira généralement à plus long terme :
- Épargner en vue de la retraite
- Acheter ou construire ta première résidence (le fameux RAP : il est possible de retirer jusqu’à 25 000$, mais des conditions s’appliquent)
Le CELI, lui, servira généralement à plus court terme :
- Rénover ta maison
- Acheter une voiture
- Lancer une entreprise
- Effectuer un voyage
Les comptes se distinguent aussi au niveau des dates de cotisation et de l’âge pour y contribuer. J’ai mentionné les critères d’admissibilité au REER au début de ce billet.
Pour le CELI, tu dois avoir 18 ans pour contribuer, mais il n’y a pas d’âge maximal. La date limite pour contribuer est le 31 décembre. La cotisation maximale pour 2020 est 6000$, peu importe tes revenus.
Bref, un CELI est un type de compte où ton argent (incluant les intérêts) fructifie à l’abri de l’impôt. Cependant, l’argent que tu y places ne te donne pas accès à des réductions fiscales, comme c’est le cas avec un REER.
L’avantage est que tu pourras retirer ton argent et tes intérêts en tout temps, et ce, sans pénalité, ce qui n’est pas possible avec un REER.
Tu peux transférer le solde d’un CELI dans un REER. Donc, lorsque tu fais moins d’argent, tu peux cotiser à un CELI, puis, lorsque tes revenus sont plus élevés, tu peux cotiser à un REER pour profiter des avantages fiscaux.
Dans les deux cas, tes cotisations inutilisées s’additionnent depuis le début de ton admissibilité au régime. Si tu es en congé parental, discute avec une comptable pour profiter pleinement des avantages fiscaux.
Toujours là?
Quel est le lien avec les impôts?
Contribuer à un REER diminue ton revenu imposable, ce qui a une incidence sur le remboursement auquel tu auras droit. Dans le cas de gens (comme moi) qui paient de l’impôt, ça permet plutôt d’alléger la facture.
Tu dois annexer le formulaire de cotisation à un REER à ta déclaration. Tu n’auras pas de report d’impôt avec un revenu de moins de 25 000$ par année, c’est-à-dire que si tes revenus se situent sous ce montant, il n’y a pas nécessairement d’avantage fiscal.
Tu peux cotiser à ton REER tout au long de l’année, mais quand vient le temps des impôts, c’est le total qui sera considéré comme une seule cotisation pour l’année d’imposition.
Bref, selon tes préférences et ton budget, tu peux mettre un certain montant de côté tous les mois ou attendre à la fin de l’année. L’avantage d’attendre est que tu peux épargner en fonction de tes gains réels de l’année précédente, surtout si ceux-ci sont incertains.
Les revenus (intérêts) accumulés grâce au REER sont exempts d’impôts, tant qu’ils restent dans le compte. Cela signifie que tu devras généralement payer de l’impôt lorsque tu retireras de l’argent de ton REER.
Ce report pourrait être avantageux : à la retraite, ton taux d’imposition devrait être moindre, donc tu paieras moins d’impôts sur cet argent que tu l’aurais fait lorsque tu l’as gagné.
Ça a du sens?
Par où commencer?
Si tu veux juste commencer, tu peux ouvrir un compte d’épargne REER chez ta banque, puis y déposer de l’argent. Tout simplement.
Tu peux aussi faire un placement garanti (CPG) ou faire un placement dans un fonds d’investissement. En général, plus le rendement anticipé est élevé, plus le placement est risqué.
Il existe plusieurs façons de maximiser les avantages de REER selon ta situation et une professionnelle saura certainement t’aiguiller mieux que moi.
Je te suggère de garder de l’ordre dans tes dossiers comptables (je partage plusieurs trucs pour travailleuses autonomes ici) afin de bien comprendre ta situation et de pouvoir contribuer le montant le plus avantageux pour toi.
Si tu ne penses pas avoir les moyens de cotiser à un REER et que tu reçois un remboursement après avoir fait tes impôts, tu peux utiliser ce montant pour cotiser à ton REER l’année suivante. C’est comme épargner sans avoir à faire l’effort le faire.
Si tu es employée, renseigne-toi au sujet des programmes offerts par ton employeur, comme brièvement mentionné plus haut. Certains égalisent même les contributions de leurs employés.
Si c’est le cas du tien, assure-toi de maximiser ta participation, car ton épargne pourra grandir beaucoup plus vite! Tu ne peux tout simplement pas te permettre de ne pas le faire, c’est comme dire non à de l’argent gratuit.
Quoi faire si tu n’as jamais pensé à ta retraite
Ding dong, tu vas bientôt avec 30, 40 ou 50 ans et tu réalises que mathématiquement, tu n’y arriveras tout simplement pas? Ce n’est peut-être pas une bonne chose, mais tu n’es vraiment pas seule.
Pourquoi nous retrouvons-nous dans cette situation?!
Surtout si, comme moi, tu travailles à la pige et que tu gagnes un salaire modeste, quand tu regardes tes revenus annuels, l’épargne-retraite ne semble souvent pas réaliste.
Les pigistes doivent payer et leurs cotisations ET les cotisations employeur au régime des rentes du Québec. Alors, contribuer à un REER (ou tout autre compte d’épargne-retraite) en plus de cela semble une tâche colossale.
En plus de toutes les autres responsabilités d’adulte comme payer son loyer ou manger. Et toutes les assurances. Et avoir un peu de plaisir, aussi, tsé.
Il y a quelques années, j’ai collaboré avec la banque TD, qui m’a partagé les les statistiques suivantes, au sujet des facteurs qui nous empêchent d’épargner pour la retraite :
- les factures et les dépenses courantes (41%)
- le remboursement de nos dettes (30%)
- le maintien de notre train de vie (18%)
J’ai longtemps fait partie des deux premières catégories. J’attendais de gagner davantage d’argent avant de commencer à cotiser à un régime d’épargne-retraite.
Avec mon salaire annuel, j’arrivais à peine à payer toutes mes factures et je tenais à rembourser mes dettes d’abord et avant tout. La planification du futur allait donc attendre.
Mais, je dois l’avouer : je fais maintenant partie de la troisième catégorie. Je pourrais épargner plus. Mais je ne le fais pas, car je veux continuer de voyager.
Si c’est également ton cas, il est temps de te retrousser les manches, faire un budget et regarder comment tu peux changer la situation.
Trouver le juste milieu entre « vivre maintenant » et « être prévoyante »
J’ai l’impression d’être l’exemple même de « fais ce que je dis, pas ce que je fais ».
La réalité, c’est que j’aime mon mode de vie « vivre maintenant ». Je ne m’imagine pas rien faire à la retraite. J’ai l’impression que je travaillerai toujours un peu, si je travaille toujours pour moi-même. Je ne suis pas adepte du mouvement FIRE, loin de là.
Aussi irresponsable que ce soit, je ne suis pas prête à sacrifier mon bonheur dans le présent pour un futur qui n’est pas garanti.
Je n’ai jamais été la plus à mon affaire financièrement, même si j’essaie de me rattraper.
Je contribue à un REER depuis mes 30 ans, un montant suggéré par mon comptable pour avoir accès à des avantages fiscaux. J’ai investi mon premier 2000$ dans un fonds d’investissement.
Le solde de mon compte épargne en prévision de la retraite a enfin cinq chiffres – à 34 ans. J’ai même des assurances, si je ne pouvais plus travailler.
Très adulte.
Bref…
Idéalement, tu devrais penser à l’épargne-retraite dès ton premier emploi. Même si c’est pas mal la chose la moins naturelle au monde. On devrait tellement en parler à l’école!
Tu dois trouver le juste milieu, où tu es à l’aise.
Évidemment, les dépenses courantes (genre, payer ton loyer tous les mois) devraient passer avant l’épargne-retraite, mais essaie d’avoir un plan de match et de connaître les différentes options qui s’offrent à toi le plus tôt possible.
J’ai récemment regardé une vidéo (je ne me rappelle pas laquelle) où l’interviewée parlait de la liberté qu’offrait un horaire bien planifié. Quand tu sais exactement où tu t’en vas, tu te sens libre, même si ça semble contre-intuitif. Tu réalises tout le temps que tu as réellement devant toi.
Je suis obsessivement adepte de la planification horaire. Et je réalise enfin que ce même sentiment de liberté peut être accompli avec des finances bien gérées.
Une fois un système mis en place, la planification budgétaire (incluant celle pour la retraite) ne devrait pas prendre plus de quelques heures par année.
Te laissant pleinement le temps de profiter de ta vie actuelle. Et ne t’empêchant pas de le faire.
En fait, c’est ça le but premier de l’indépendance financière et de la planification de la retraite : le filet de sécurité.
Ne pars pas en peur : peu importe ta situation financière, peu importe ton âge, met ton stress de côté et renseigne-toi. Rencontre une conseillère financière si tu ne comprends pas tout toute seule.
Même si tu choisis un parcours personnel et professionnel atypique comme je l’ai fait.
J’espère que ces trucs t’aideront à comprendre un peu mieux les REER. En tout cas, faire la recherche pour ce billet m’a grandement aidée!
Je te rappelle cependant que je ne suis pas une experte en impôts, fiscalité et comptabilité et qu’en cas de doute, il est mieux de consulter une professionnelle si tu as des questions.
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Bonjour Béatrice.
Excellent tour d’horizon. merci!
Je ne peux que renchérir sur l’importance de mettre des $$ de côté dès 20 ans!
A 20 ans, on trouve que la retraite est loin et on n’est pas trop intéressé, sauf exceptions 😉 , à se priver de 25$ / sem. « juste pour la retraite ».
Les travailleurs du secteur public semblent chanceux d’avoir un fond de pension ? Il faut savoir que dès leur première paye à 20 ans, par exemple, on leur enlève 8 à10% de la paye obligatoire, pour leur retraite.
Mauvaise passe, faillite ou non, ils n’ont pas accès à cet argent. Il faut l’oublier ad 55 ans minimum.
Si tout travailleur se donnait cette « obligation », tous aurait cette « chance ».
Je voudrais juste rajouter que selon ce que j’ai lu récemment sur le sujet (McSween ds les média) , le CELI serait l’avenir en ce qui a trait à l’épargne, même à long terme.
Une des raisons est que le 500$ ou 1000$… que vous y déposerez à chaque année sera TOUJOURS à l’abri de l’impôt.
Tandis que le REER donne une relative paix à chaque année mais au moment du retrait : c’est 15 à 25% d’impots qui vous attend, quel que soit l’âge ( selon le montant retiré).
Tant qu’à « oublier » des sous pour 25 à 30 ans…. le CELI serait dorénavant le « best bet ».
C’est une opinion. Loin de moi l’idée de contrarier ton invitation à économiser!
L’important c’est de déterminer un montant raisonnable à chaque paie ET de l’oublier pour l’epargner À VIE… 🙂
A vous la liberté 55 ! 😉
Salut! Je suis tellement d’accord qu’il faut épargner tôt, j’aurais dû me forcer à le faire quand mon père comptable me disait de le faire, mais avec ma mentalité « vivre maintenant », disons que je me suis entêtée et que là, je suis comme AHHHH je dois épargner! En général, je ne suis pas trop les conseils de Pierre-Yves McSween, j’ai pas mal tendance à faire l’inverse de ce qu’il propose même, haha. On a pas pentoute la même vision de la vie! 😉
Vivre maintenant est aussi important!
C’est en arrivant à 60 ans qu’on se dit… ouais, j’étais par sûr de m’y rendre mais j’y suis… J’aurais donc dû…
L’équilibre : ne pas se priver maintenant tout en pensant 5 a10% à… « au cas où, à 60 ans… ? »
CELI, REER. … autres. Il n’est jamais trop tard pour épargner ! 🙂
Bien d’accord avec tout cela!!! 🙂