Il y a quelques années à peine, j’étais enfin dans une situation financière non précaire.
Comme je l’ai écrit en long et en large sur ce blogue, j’ai toujours préféré une qualité de vie dans l’immédiat à tenter de faire plus d’argent pour dépenser plus et épargner pour un futur incertain.
Et ce n’est pas comme si les 30 000$ annuels longtemps gagnés m’auraient permis d’avoir d’autres options.
Au début de l’été, quand j’ai commencé à voir article après article sur l’inflation à 7-8%, j’ai décidé de prendre une décision financière irresponsable, mais assumée : cesser de mettre de l’argent de côté quelques mois.
La raison était simple : aucun de mes comptes épargne ne me rapportait plus de 3% d’intérêt et mes comptes « investissements » fondaient à vue d’oeil.
Pour une personne comme moi (et comme plusieurs d’entre vous, j’imagine), ça semblait signifier que tout argent que je mettais de côté perdait de la valeur. Tant qu’à faire, autant en profiter maintenant.
Avec l’été qui tire à sa fin et le fait que je prévois déménager au cours des prochains mois, j’ai décidé qu’il était temps de me responsabiliser de nouveau.
J’ai donc demandé à Laurianne Dionne Arseneault, conseillère en sécurité financière, de m’expliquer pourquoi ça vaut la peine d’épargner, même quand l’inflation n’a aucun bon sang.
Mais avant, quelques réflexions…
Épargner ou réduire ses dépenses?
Étant entrepreneure, depuis quelque temps, j’ai l’impression que je gagnerais plus à réduire mes heures de travail assez pour me donner le temps de jardiner, cuisiner, faire des activités gratuites, bref, profiter de la vie en dépensant moins, plutôt que de m’entêter à tenter de « vaincre » l’inflation, car je n’augmenterai pas magiquement mes revenus assez pour que mes dollars gardent leur valeur.
La même réflexion s’applique aux travailleuses en entreprise, où je crois que ça serait plutôt difficile de demander une hausse soudaine de 8% de son salaire…
Est-ce que la seule solution, c’est de compter ses cennes noires et promouvoir la décroissance?
J’espère que non, honnêtement. Malgré l’inflation, bien que le sujet de ce billet soit l’épargne, j’avoue être vraiment tannée que la frugalité soit toujours la solution proposée.
J’aime ça, faire des trucs à la main! J’aime vraaaaaaiment l’idée d’être plus autosuffisante. Mais un moment donné, je ne peux pas battre le système. Toujours proposer « être plus frugale » ou « dépenser moins » remet la responsabilité de contrer la hausse des prix et de l’inflation sur les individus, alors que le problème est vraiment plus gros.
En ce moment, pour épargner au même niveau qu’avant, il faut diminuer son niveau de vie.
Et comme je l’ai dit, je veux bien essayer, mais je suis déjà frugale pas mal et je dédie beaucoup d’heures à réduire le coût de ma vie… alors comment est-ce réaliste pour une famille qui manque déjà de temps?
En tout cas. Je m’égare.
Une petite note sur l’épargne
Bref. Je reviens au sujet de ce billet : la capacité d’épargne (et l’importance de le faire) quand l’inflation est plus élevée que les intérêts qu’il est possible de gagner.
Avant d’aller dans les détails et solutions possibles, je dois commencer par un avertissement : l’épargne, c’est un objectif noble à avoir, mais avant de penser à mettre de l’argent de côté, tu dois combler tes besoins de base.
Laurianne est d’accord : « l’épargne [est] un incontournable, mais je suis consciente que pour certaines familles, si on a à choisir entre manger et épargner le choix est simple! Ensuite, tout est une question de budget. »
Connais-tu le montant dont tu as BESOIN par année (habitation, nourriture, scolarité, santé, responsabilités fiscales, etc.)? Oui? Parfait. Ça, c’est ton premier objectif. Si tu arrives au moins à ce niveau, t’es vraiment bien partie. Pour vrai, là!
Plusieurs (plusieurs) personnes n’ont aucune idée.
Si tu en fais partie, pas de shaming ici. C’est là que le budget est important.
Ça te permettra de différencier tes dépenses obligatoires et ton budget discrétionaire, qui pourrait servir autant au plaisir qu’à l’épargne.
Et si tu n’en as jamais fait un, j’offre un outil pour t’aider à le faire le plus facilement possible sur la boutique ☺️
À quoi sert l’épargne?
Maintenant que tout ça est dit, l’affaire que j’ai longtemps ignorée (et que je continue parfois à ignorer par choix), c’est que l’épargne, c’est vraiment déstressant.
Fin août, à l’intérieur de deux semaines, j’ai reçu un avis d’acomptes provisionnels plus élevé qu’anticipé, j’ai eu un problème avec mon site web qui m’a coûté plusieurs centaines de dollars non prévus, j’ai voulu engager une compagnie qui facture des frais de onboarding de 400$ et j’ai appris que le thème de mon site web devait être changé, une affaire de plusieurs plusieurs plusieurs milliers de dollars.
Salut le stress.
Ah et il y a aussi mon ordi, que je dois remplacer depuis au moins un an, mais que je ne cesse de repousser.
Et ai-je mentionné que je veux déménager bientôt?
Si j’avais épargné, je ne me serais pas retrouvée à paniquer à propos de mes finances. Ce n’est pas normal qu’avec mon salaire bien ancré dans la classe moyenne, je sois stressée pour quelques milliers de dollars imprévus.
C’est à ça que ça sert, l’épargne, que les intérêts suivent le taux d’inflation ou non. C’est un coussin de sécurité qui fait du bien en tabarouette.
Inflation vs taux d’intérêt
Et ça m’amène à mon questionnement : épargner devrait être un objectif pour tout le monde, peu importe l’inflation, peu importe les taux d’intérêt, si ce n’est que pour le stress que ça peut sauver, d’accord, mais est-ce qu’épargner dans un compte à faible taux d’intérêt quand l’inflation est dans le tapis équivaut à lancer de l’argent par les fenêtres?
Par exemple, j’ai de l’argent bloqué pour un an dans un CPG à 0,5% d’intérêt, quand, comme mentionné plus haut, l’inflation est plutôt de 7-8%. Est-ce que je me tire dans le pied?
Cet argent vaut aujourd’hui moins que quand je l’ai déposé en janvier dernier, même avec son 0,5% d’intérêt, non? Donc, est-ce que ma stratégie de profiter de mon argent pendant qu’il a encore sa valeur « réelle » plutôt que d’épargner a du sens?
La première chose que Laurianne suggère de vérifier, avant d’assumer que parce que l’inflation annoncée est de 7-8%, c’est nécessairement le cas pour toi, est de calculer ton inflation personnelle.
C’est-à-dire que tu dois voir les coûts qui ont augmenté pour toi, qui ne sont peut-être pas les mêmes que pour la moyenne.
Par exemple, puisque j’achète la majorité de mon épicerie au marché fermier et que je fais des réserves en saison (et que je n’achète presque rien entre novembre et mai), le coût de mon panier d’épicerie n’a pratiquement pas augmenté cette année, même si la hausse du prix de l’épicerie a fait les manchettes partout.
Je n’ai pas de voiture, donc la hausse du prix de l’essence ne m’a pas affectée, non plus.
Mon inflation personnelle est donc probablement moindre que la moyenne… mais ça n’empêche pas mes économies de décroitre de valeur.
Ceci étant dit, il ne faut pas voir les baisses actuelles comme étant permanentes.
Laurianne explique, « sur le long terme, on risque de vivre une remontée des actions, alors oui, pour l’instant, nos portefeuilles perdent de la valeur, mais tu peux acheter à très gros rabais, donc continuer tes bonnes habitudes d’investissement risque de t’apporter très gros sur le long terme. Historiquement, tenter de faire du market timing n’est jamais payant, car manquer les 10 meilleures journées de bourse sur 20 ans peut affecter largement (près de 50%!) ton porte-feuille. »
Exemple anecdotique en non basée sur les actions, mais qui prouve ce point : mon CPG bloqué à 0,5% en janvier affiche maintenant un taux de 4,4%!
Est-ce le moment pour commencer à épargner?
Donc, est-ce que la solution, même si c’est plus difficile en raison de la hausse du coût de la vie, c’est de se forcer à épargner malgré tout?
As-tu déjà entendu l’expression buy low, que des moments comme celui-ci où tout baisse sont justement parfaits pour investir? Est-ce réaliste pour les débutantes ou celles qui n’ont pas beaucoup de connaissances de se lancer? Y a-t-il des risques?
Selon Laurianne, « il y a toujours un risque que nos investissements perdent encore de la valeur. Par contre, sur une stratégie à long terme et diversifiée, on minimise de beaucoup les risques pour les débutants ou ceux qui n’ont pas beaucoup de connaissances. L’aide d’un professionnel reste un must, car on analyse pour [nos clients] les stratégies adaptées pour leur profil de risque. Le meilleur exemple, ce sont les débutants qui ont investi massivement en crypto, qui est pour les audacieux, alors qu’ils avaient un profil prudent/équilibré… quand la drop est arrivée, beaucoup l’ont très mal vécu et ont perdu beaucoup. »
Alors, si quelqu’un, malgré l’inflation, a un peu d’argent de lousse ces temps-ci, y a-t-il un endroit idéal où le placer?
Malheureusement, il n’y a pas de réponse universelle.
Laurianne explique : « les finances, ce n’est jamais one size fits all. Les possibilités d’endroits qui sont susceptibles de rebondir prochainement sont quasi infinies, ensuite reste à voir avec notre profil et nos valeurs dans quoi on veut investir. Personnellement, j’adore investir de façon responsable, parce que ça fitte avec mes valeurs. »
J’espère que cette réflexion et ces conseils t’éclairent un peu ☺️
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