Il y a quelques années, j’ai publié un billet sur l’un des avantages de l’entrepreneuriat : pouvoir travailler d’un peu partout dans le monde.
Même si je continue de croire que le mode de vie que j’ai choisi est le bon pour moi, que la liberté d’être ma propre patronne est essentielle à ma vie et qu’il n’y a rien de mieux que de m’enfuir de l’hiver québécois, j’ai réalisé quelque chose d’important au cours des derniers mois.
Je ne pourrais pas être nomade numérique.
Voici pourquoi.
Mes expériences de travail sur la route
Mon plus récent voyage (deux mois au Nicaragua) n’était pas la première fois que j’apportais mon travail dans un autre pays.
Je l’ai fait en Islande, en Australie, à Vancouver et à plusieurs autres endroits. À vrai dire, il est bien rare que je voyage sans ce que j’appelle mon « kit de blogueuse », soit ma caméra et mon laptop.
Cependant, mes expériences passées avaient été des hybrides vacances/voyage. Je partais avec le matériel nécessaire pour accomplir quelques tâches, oui, mais je faisais un gros sprint avant mon départ pour réduire ma charge au minimum.
Avant de partir, je préparais des textes à modifier, je sauvegardais des notes au cas où je n’aurais pas accès à internet, je préparais des templates de billets et d’infolettres pour aller plus rapidement : souvent, je pouvais m’en sortir en travaillant quelques heures par semaine et je m’accordais souvent des congés.
Cette fois-ci, mon objectif était de garder la cadence, telle une nomade numérique.
Je l’avais déjà fait lorsque je suis partie trois mois aux îles de la Madeleine, en 2020.
Sauf qu’aux îles, je venais de terminer un immense projet (la rédaction du livre Ça coûte cher, être un adulte!) et je voulais prendre ça mollo, tandis qu’au Nica, j’allais être en plein dans la période de vente de L’année qui compte, en plus d’avoir 1001 projets à accomplir.
Disons que ça ne s’est pas passé comme prévu.
La difficulté de travailler en voyage
J’ai passé les mois de février et mars au Nicaragua, plus précisément à l’auberge Free Spirit Hostel, dans le petit village de pêcheurs d’El Transito.
Si, au départ, j’avais prévu profiter de mon escapade pour voyager un peu, finalement, j’ai décidé de m’y installer pour la totalité de mon séjour.
Une chose était claire pour moi : oui, je partais en voyage, mais pas en congé. Et je prenais bien soin de corriger toute personne me souhaitant de bonnes vacances.
Et je n’ai pas été en vacances. J’ai travaillé. Mais, disons… pas autant que je l’aurais souhaité. Ou du moins, pas aussi productivement.
Je ne sais pas si c’est un manque de volonté de ma part, le fait que je n’avais pas de boss qui se souciait de la charge de travail accompli ou le fait que j’avais vraiment, vraiment, vraiment besoin de socialiser après deux ans de pandémie, mais j’ai été incapable de respecter l’horaire que je m’étais donné.
Comment améliorer ta productivité en voyage
J’ai remarqué que deux facteurs principaux avaient rendu ma productivité plus difficile :
- Les distractions. J’ai choisi de m’installer à la table commune d’une auberge de jeunesse, sachant très bien que je serais dérangée en tout temps. J’aurais absolument pu m’installer à un endroit plus calme, même aller dans un café avec air clim’, mais je ne l’ai pas fait. 100% ma faute et ça revient à mon point sur le manque de volonté.
- Le setup loin d’être idéal. Ça, c’est moins de ma faute. C’est un peu comme travailler à la maison : je crois que pour être productive, ça aide d’avoir un espace dédié, un certain rituel. Et, rien à faire, depuis que j’ai créé mon bureau à la maison avec un écran de 21 pouces, un clavier et une souris, je trouve ça encore plus difficile de travailler sur un laptop – surtout un avec un de 11 pouces! Cependant, pour avoir voyagé avec un laptop 15′ avant, je ne voudrais pas revenir en arrière…
Ça, c’est sans compter le fait qu’il a fait chaud, à El Transito. Tellement chaud que mon ordinateur a souvent surchauffé, surtout entre 11h et 14h.
Plus il surchauffait, plus il était lent, plus ça rendait le travail difficile, plus je m’acharnais, plus j’étais frustrée, plus ça prenait de temps accomplir les tâches qui étaient à mon horaire…
C’est bien de constater tout ça, mais concrètement, est-ce qu’il y a une solution?
Pour les distractions, la solution est bien évidemment de trouver un endroit propice au travail, peu importe où tu te trouves dans le monde. Que ce soit un lit, un bureau dans une chambre, un café, peu importe, tu dois mettre les chances de ton côté.
Disons qu’une table commune dans un lieu commun dans une auberge de jeunesse où tu connais tout le monde, c’est pas top.
Et tu dois avoir la discipline de dédier des heures ou journées au travail, même si tu voudrais simplement profiter d’une nouvelle destination.
L’ergonomie et la température sont des points plus difficiles à adresser. Dans un monde idéal, si, comme moi, tu es plus productive à un bureau, tu pourrais apporter des accessoires comme une souris ou un support pour portable, vérifier si tu auras accès à un bureau dans ta chambre, etc.
J’avoue que je n’avais pas pensé à la chaleur avant mon départ, même si c’est une évidence maintenant que j’y pense. Une autre vérification à faire pourrait être en lien avec l’air clim’, ou tu pourrais choisir ton horaire pour éviter les heures trop chaudes (ex. travailler en matinée ou en soirée).
Quel est un horaire réaliste en voyage?
Justement, parlant d’horaire… est-il réaliste de suivre le même horaire à la maison et en voyage?
Certaines personnes (qui ont sûrement plus de succès que moi comme nomades numériques) arrivent sûrement à travailler 8h par jour, tous les jours. Perso, j’ai trouvé ça impossible, mais je crois que c’est une bonne chose.
Puisque j’étais dans un lieu absolument paradisiaque dont je voulais profiter au maximum, je m’étais donné comme objectif de travailler 4h par jour, 6 jours par semaine. Ça donne quand même une vingtaine d’heures.
Tout ce que j’ai lu sur la productivité (et j’en ai lu, des affaires sur la productivité) dit qu’il est très rare d’être productive plus de 4 ou 5h par jour, même si tu es au bureau toute la journée.
J’espérais que de savoir que mon temps était limité me forcerait à éliminer toutes les distractions pour que chaque seconde compte.
Je crois que pour ça, j’ai majoritairement réussi.
Là où j’ai échoué, c’est m’assoir pour ces quatre heures tous les jours, à cause de tous les facteurs mentionnés plus haut… 😂
La journée où l’électricité a lâché
Il y a une journée en particulier qui me vient en tête lorsque je pense à la difficulté de travailler sur la route : la journée où l’électricité de tout le village a lâché… qui s’est adonné à être LA journée où j’avais un engagement important.
Quoi faire, quand tu donnes une webconférence et qu’il n’y a plus d’électricité dans tout le VILLAGE? Que ta batterie de laptop est déchargée et que même si tu réussissais à remédier à ce problème miraculeusement, que la connexion 3G de ton téléphone (parce qu’il n’y a ni 4G ni LTE sur place) risquerait de causer 1001 interruptions lors du Zoom?
À part paniquer, mettons?
Le village où je résidais, El Transito, est assez petit et perdu. Et donc, lorsque j’ai décidé d’y aller, sachant que j’aurais à donner un webinaire, j’ai pensé à des Plans A, B, C et même D. Je voulais être préparée et prouver, autant à ma cliente qu’à moi, que je pouvais accomplir mon mandat même à la plage.
J’ai loué une chambre qui me donnerait le silence nécessaire. Fait des tests d’éclairage, de son, de connexion internet. J’ai demandé à quelqu’un, s’il y avait un problème, si je pourrais m’y rendre pour tenir mon engagement.
Disons que je n’avais pas « panne d’électricité de plus de 6h dans le village au complet sans raison apparente ni explication » dans mes scénarios planifiés.
Quand, à environ 15h, à 3h de ma conférence, l’électricité n’était toujours pas revenue, j’ai dû prendre une décision. Soit je payais un taxi et une chambre d’hôtel à León, la ville la plus près (environ 1h de route) pour remplir mon engagement, soit j’annulais.
La première option aurait impliqué que je débourse autant sinon plus d’argent que ce que j’allais recevoir ce soir-là. La deuxième signifiait admettre la défaite du mode de vie de nomade numérique et je refusais de l’envisager.
Je me suis donné 30 minutes. Il y avait quelque chose à l’intérieur de moi qui me disait que si je partais, l’électricité reviendrait.
Et El Transito étant le petit village perdu qu’il est, si je voulais partir, je devais appeler un taxi de León (donc 1h de route) pour qu’il vienne me chercher et calculer une autre heure pour m’y rendre, en plus de faire un check-in, des tests de son, de connectivité…
À 15h30, quelqu’un m’a dit que l’électricité était revenue au centre communautaire ou qu’ils avaient branché une génératrice : en tout cas, il y avait du courant. J’y suis partie à la course pour voir si je pouvais au moins brancher mon ordi. Oui.
Je reviens à l’auberge et Renaud, le pauvre copropriétaire qui a dû endurer mon inquiétude et mon stress toute la journée, était en train de courir vers la porte pour me trouver : l’électricité était revenue! À 1h30 de mon heure de connexion prévue.
Crisis averted.
Bref, c’est là que j’ai réalisé que les plans A, B, C et D ne sont souvent pas assez quand tu es au milieu de nulle part. Ce qui complique pas mal les choses quand quelqu’un t’attend à un moment précis!
Qui peut devenir nomade numérique?
Malgré mon expérience plus difficile, tu aimerais devenir nomade numérique? Tant que tu n’as besoin que d’un ordinateur pour travailler, tu peux le faire.
Perso, j’ai réalisé que ce mode de vie était beaucoup trop stressant pour moi.
J’ai besoin d’un espace dédié, silencieux et (semi) ergonomique pour travailler et je suis trop facilement distrayable pour accomplir tout ce qui est à mon horaire quand je suis dans un lieu paradisiaque.
De plus, même si je n’ai que très rarement des deadlines précis, vu que j’aime voyager dans des lieux perdus, cela peut causer quelques complications, quoique je crois que celle que j’ai vécue est assez extrême!
Bref, pour moi, la solution est celle que j’ai longtemps privilégiée : faire un sprint avant de partir pour réduire mes tâches au minimum pendant que je profite du beau temps.
Es-tu à l’aise avec toutes les embûches mentionnées dans ce billet? Seule toi le sais. Et seule toi sais si tu as l’énergie et l’envie de résoudre les problèmes de connectivité ou de fuseaux horaires quand tu as des engagements liés à une date précise.
Bien sûr, tu pourrais être nomade numérique à temps partiel et faire un peu comme je le fais, c’est-à-dire réduire tes tâches sur la route. Et si tu deviens nomade numérique à temps plein, tu peux choisir tes destinations en fonction de tes engagements.
Mais tu dois penser à toutes les contraintes mentionnées plus haut et ne pas croire que c’est aussi simple que de réserver un tout inclus et d’en profiter.
Tu aimerais te lancer à la pige? Voici tous mes meilleurs conseils pour futures travailleuses autonomes.
Tu as aimé ce billet? Épingle-le sur Pinterest!